4 décembre 2019
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Jing Wang, « Tiptoeing along the red lines », Terrain, ID : 10.4000/terrain.19439
En 2016 a été fermé l’un des principaux sites internet musulmans chinois. La mort de tels sites soulève une série de questions sur la censure que subissent et exercent les musulmans chinois dans le cadre du développement de l’islam digital dans la Chine d’aujourd’hui. Ce récit suit Yahyaa, un modérateur de site musulman et rend compte de sa pratique d’autocensure. Dans le paysage numérique de ce pays, hautement réglementé, mais néanmoins poreux, quels sont les périls et les défis propres aux musulmans ? Qu’est-ce qui est tu et qu’est-ce qui parvient à se faire entendre ? Le récit de la vie de Yahyaa et de son activité de modérateur et de webmestre permet de suivre au plus près ses tactiques et les choix éthiques auxquels il a fait face dans sa gestion d’un espace musulman en ligne. Yahyaa guide en effet sa modération suivant le principe non pas de la contrainte mais d’une agentivité propre (guanli), qui lui autorise une interprétation créative des lignes rouges (hongxian) définies par les réglementations étatiques. L’histoire de Yahiyaa montre comment son art de la censure et de l’autocensure est contraint et contraignant, mais aussi émancipateur. Elle permet plus largement de comprendre le paysage numérique chinois qui se déploie sous censure, et en particulier le cyberespace créé et manié par des minorités confessionnelles tels les Chinois musulmans. L’agentivité mise en œuvre dans la censure laisse poindre un développement d’espaces publics et de sociétés civiles quel que soit le poids de la censure imposé aux citoyens.