7 avril 2021
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Raphaël Voix, « Frères d’armes », Terrain, ID : 10.4000/terrain.21584
L’homme qui apparaît ce 28 avril 2011 dans le débat télévisé de la chaîne indienne Timesnow est un Danois recherché depuis plus de dix-sept ans. Vêtu sobrement, les yeux cerclés de fines lunettes, le visage émacié, Niels Holck, de son nom d’ascète Anindyananda, semble calme et déterminé. Il vient se défendre des accusations portées contre lui par la justice indienne : il serait à l’origine du parachutage d’armes de Purulia, un attentat considéré comme la plus haute atteinte à la sécurité intérieure indienne du xxe siècle. Le 17 décembre 1995, Niels a survolé la campagne bengali à basse altitude avec un vieil Antonov-26 et a fait larguer plus de 700 fusils d’assaut AK 56, une dizaine de lance-roquettes, des grenades, des cartouches, des fusées antitanks au-dessus de plusieurs villages d’un des districts les plus pauvres du Bengale-Occidental. Malgré un long procès et la condamnation de l’équipage de l’avion, les dessous de cette opération n’ont, depuis lors, jamais été élucidés. De nombreux articles de journaux, reportages de magazines, documentaires et films ont cherché à éclaircir cette affaire rocambolesque. Mais, dans la plupart des récits, le fait que les instigateurs présumés soient des yogis n’est mentionné qu’à titre anecdotique. Pourtant, de Osho à Ramdev, gurus et yogis en Inde ont souvent été impliqués dans des affaires illégales, politiques et financières : comment la pratique ascétique peut-elle s’articuler à l’action criminelle ?