Le coma à portée de mesure

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8 février 2022

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Sélima CHIBOUT et al., « Le coma à portée de mesure », Terrain, ID : 10.4000/terrain.21904


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Le coma est un état limite. Sélima Chibout, qui a mené son observation dans le laboratoire d’un centre hospitalier européen, pointe l’effort des chercheurs pour se mettre à la place des comateux — en produisant échelles de mesure, expériences et rapports — et, en même temps, ce qu’il faudrait pour vraiment se mettre à leur place. À première vue, plus on a affaire à un insaisissable, plus se multiplient les dispositifs techniques et les échelles de mesure. Ces échelles n’ont jamais cessé de s’étoffer, les (infra)états de s’ajouter les uns aux autres, entre l’état conscient et le coma profond. La « formule du coma » a tout d’une course folle à la catégorisation, où la rationalité fragmente, multiplie les états autant qu’elle peut. Marine Bikard et Lucie Pophillat ont imaginé avec Sélima Chibout une expérience de perception originale pour prendre cette logique à rebours. Les modèles des chercheurs peuvent perdre en effet leur lien viscéral à la chose, si on ne refait pas régulièrement le chemin jusqu’à la matière vive, ici l’énigme du coma, comme état inclassable, forme insaisissable du vivant. La force de la performance proposée est de rester accrochée ou indexée à cet insaisissable. Aucune expérience ne peut vraiment trancher et dire d’un patient comateux : « Il est mort. » Les expériences visent plutôt à créer les conditions pour qu’il exprime sa manière d’être vivant, même quand celle-ci est infiniment perceptible. Il en ressort que le traitement du coma pourrait bien être ce sur quoi on gagnerait à s’appuyer pour entrevoir une voie de sortie au traitement purement technocratique des choses. Nul besoin de réduire le comateux à une chose ou un ensemble de chiffres, il est déjà jugé être dans un entre-deux, entre une humanité diminuée et une entité purement biologique. Il s’agit de laisser une chance aux presque morts d’exprimer ce qui leur reste de vivacité. Le geste graphique ici proposé incarne très concrètement ce problème : comment se mettre à la place des comateux, mais aussi des mesureurs de coma ? Au lecteur de juger s’il n’y a pas là d’autres pistes pour repenser l’empathie en général, pour se mettre à la place aussi bien des poulets que des arbres et revoir notre pouvoir d’imposer des formules sur les êtres et les choses. Chapô : EMMANUEL GRIMAUD & ANTHONY STAVRIANAKIS

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