Frontières de la liberté religieuse et exemptions individuelles

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7 février 2020

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Saaz Taher, « Frontières de la liberté religieuse et exemptions individuelles », ThéoRèmes, ID : 10.4000/theoremes.3393


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Dans le dernier chapitre de son ouvrage Liberalism’s Religion [2017], Cécile Laborde soutient que ce sont les pratiques et les croyances visant à protéger l’intégrité individuelle qui peuvent être candidates aux exemptions. Elle propose, de ce fait, deux tests (de sincérité et d’acceptabilité) afin d’évaluer le lien entre ces croyances et pratiques et l’intégrité de l’individu et envisage la mise en place d’un processus délibératif. Nous soutenons, dans cet article, que ces deux tests et la mise en place d’un processus délibératif ne sont pas faisables, car ils ne tiennent pas compte, voire ils participent à l’invisibilisation des voix des femmes de confession musulmane dans la sphère publique au sein des sociétés libérales occidentales Notre critique se formule ainsi en trois points. Tout d’abord, nous questionnons le test de sincérité épaisse et l’évaluation de la cohérence entre les croyances/pratiques d’un individu et son intégrité, alors que différents espaces publics des démocraties libérales occidentales invisibilisent les femmes musulmanes et rendent leur parole inaudible. Nous interrogeons ensuite le test d’acceptabilité mince, en contexte de sécurisation de l’islam et des musulman·e·s autorisant la reproduction de discours racialisant l’islamité et culturalisant l’oppression de genre. Pour finir, nous avançons que penser le processus de délibération démocratique implique de rendre compte des formes d’injustice épistémique et de blessure morale qui prennent place à l’encontre des groupes minorisés – notamment des femmes musulmanes. Cette critique sera appuyée par des extraits du débat parlementaire suisse dans le cadre de l’initiative parlementaire contre la dissimulation du visage.

In the last chapter of her book Liberalism's Religion [2017], Cécile Laborde argues that it is the practices and beliefs aimed at protecting individual integrity that can be candidates for exemptions. It therefore proposes two tests (sincerity and acceptability) in order to assess the link between these beliefs and practices and the individual’s integrity and considers the setting up of a deliberative process. We argue in this article that these two tests and the establishment of a deliberative process are not feasible because they do not take into account, or they even participate in the invisibilization of the voices of women of Muslim faith in the public sphere within Western liberal societies. Our criticism is thus formulated in three points. First, we question the thick sincerity test and the assessment of the coherence between the beliefs/practices of an individual and his integrity, while different public spaces of Western liberal democracies invisibilize Muslim women and make their voice inaudible. We then examine the thin acceptability test, in a context of securitization of Islam and Muslims, allowing the reproduction of discourses racializing Islam and culturalizing gender oppression. Finally, we argue that thinking about the process of democratic deliberation involves reporting on the forms of epistemic injustice and moral injury that occur against minority groups – especially Muslim women. This criticism will be illustrated by excerpts from Swiss parliamentary debates as part of the parliamentary initiative against face concealment.

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