26 avril 2022
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Peu d’auteurs consacrés se sont risqués à l’écriture de contes pour enfants ; parmi eux, Tommaso Landolfi (1908-1979), l’un des écrivains contemporains les plus originaux de la littérature italienne. Dans Il principe infelice, Landolfi se livre à un exercice d’autant plus hardi qu’il introduit un récit de rêve dans le conte. La présence d’une scène de rêve dans le récit n’est pas anodine, le motif du rêve n’apparaît que très rarement dans les contes italiens et invite, à l’évidence, le lecteur à un travail d’interprétation complémentaire, en racontant une histoire qui se présente comme un rébus à déchiffrer. En outre, ce motif retient d’autant plus l’attention du lecteur qu’il occupe entièrement la scène narrative, la quête de l’héroïne étant conditionnée par ce « désir de rêve », qui la pousse à entreprendre un voyage initiatique au Pays des rêves. Le choix d’insérer une scène de rêve dans un conte peut sembler redondant, la composante onirique du conte étant quasiment de rigueur, mais il ajoute un mystère au récit merveilleux, lequel semble alors s’enlacer sur lui-même : un rêve dans le conte, comme un lieu dans un lieu, une énigme dans une énigme. Le texte de Landolfi semble vouloir interroger le rapport entre connaissance et désir : il guide le lecteur dans le clair-obscur d’un itinéraire placé sous le signe de la lune, figurant les différents états de la conscience humaine pour explorer le mécanisme de la fabrication des rêves. Le lectorat privilégié par le conteur est clairement désigné par le titre de l’édition définitive : storie per bambini. L’auteur de cette histoire pour enfants semble avoir l’intuition d’une proximité particulière entre l’enfant et le monde onirique. L’inclusion des rêves dans le conte peut être envisagée comme une forme d’écriture autobiographique, qui fait du « grand » auteur un auteur pour les petits, un auteur pour l’enfant, un auteur pour le moi-enfant.