6 juin 2022
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Francesco Arru, « Béatrice ou comment se débarrasser de la Muse morte », Transalpina, ID : 10.4000/transalpina.3454
Depuis des siècles, la Béatrice dantesque est le modèle littéraire de la jeune femme qui, en mourant, devient la muse du poète et l’inspire par son souvenir. Ce rôle d’adjuvant indispensable de la création littéraire, mais aussi de femme-ange qui sublime la passion amoureuse de l’écrivain et l’oriente vers le bien, lui a valu l’admiration de plusieurs générations de lettrés et de savants. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, alors que l’Europe vit une véritable renaissance dantesque, des écrivains commencent à considérer cette tradition littéraire avec suspicion et le souvenir de « La Béatrice », pour reprendre le titre d’un poème des Fleurs du Mal, devient de plus en plus souvent une présence embarrassante dont il faudra essayer de se libérer. Cette étude propose un aperçu de ce que l’on pourrait appeler le « déclin de Béatrice », à partir des tentatives faites pour se réapproprier la tradition dantesque, suivies par un constat d’échec dont nous analyserons les principales causes, jusqu’aux stratégies utilisées par des écrivains français, anglais et italiens pour se débarrasser de cette morte devenue si encombrante. À travers cet itinéraire béatricien, c’est la modification du rapport du créateur à la femme, et à l’amour, que nous voulons étudier pour montrer comment les évolutions littéraires, entre la fin du XIXe siècle et les premières années du XXe, provoquent cette cassure au sein d’une tradition séculaire.