6 juin 2022
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Le Gouez Brigitte, « Le poids des disparus dans l’œuvre d’Erminia Dell’Oro », Transalpina, ID : 10.4000/transalpina.3514
Dès sa première œuvre, roman autobiographique d’une enfance en Afrique orientale alors colonie italienne, Erminia Dell’Oro trace le portrait d’une petite sœur morte dont l’absence continue d’irradier dans les œuvres suivantes. À travers les trois romans Asmara addio (1988), Il Fiore di Merara (1994) et La Gola del diavolo (1999), nous suggérons de traiter la représentation des disparus comme une matrice thématique qui, selon nous, détermine tout le travail de l’écrivain. Celui-ci se fait porte-parole et donne à entendre les voix des disparus mais aussi des oubliés de l’historiographie. Ainsi, la narration acquiert une nouvelle ampleur car les histoires singulières ancrées dans les mémoires familiales nous ramènent au collectif et au poids de l’Histoire. D’autres ombres affleurent, notamment celles qui étaient destinées à devenir cendre dans les décombres du siècle. La Gola del diavolo, du titre du dernier roman « africain » publié, apparaît alors comme une métaphore des topographies de l’ombre qui menace et met parfois en échec les repères des vivants. Recueillir les voix tombées dans l’oubli, restaurer le fil ténu de la mémoire, rendre la parole à ceux à qui elle a été confisquée, tels sont sans doute les enjeux de l’écriture chez Erminia Dell’Oro. Au-delà du plaisir d’écrire, l’œuvre devient alors l’instrument d’une transmission qui est aussi question de vie ou de mort.