8 juin 2022
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Nicolas Bonnet, « Giuseppe Antonio Borgese, Proust et le miel du sommeil », Transalpina, ID : 10.4000/transalpina.3558
À la différence de Cecchi et de Debenedetti, qui furent les premiers lecteurs de Proust en Italie, Borgese n’a pas su saisir l’originalité de l’écrivain français, ce qui semble donner raison à ceux qui rangent le critique sicilien du côté des obtus passéistes. Sa critique présente deux volets : le premier d’ordre moral, le second d’ordre esthétique. D’une part, elle fustige la complaisance de l’auteur à l’égard de son objet : l’univers proustien ne serait peuplé que de sybarites et de mondains évaporés, tous personnages dénués d’épaisseur humaine et indignes de retenir l’attention d’un véritable romancier. De l’autre, elle ironise sur ce que Borgese considère comme un défaut de construction et de rythme : l’action languissante rendrait le livre soporifique. L’insistance de Borgese sur ce qui lui semble être un défaut radical de forme confirme l’importance qu’il accorde, en tant qu’auteur aussi bien qu’en tant que critique, à l’architecture romanesque. La poétique proustienne du « palimpseste » présente pourtant bien des affinités avec sa propre esthétique du roman. Borgese se présentait, a priori, comme le lecteur idéal de Proust, mais, de son propre aveu, le critique n’est pas allé au-delà des deux premiers volumes de la Recherche, ce qui l’a empêché d’appréhender la cohérence globale de l’œuvre.