Éclairages foucaldiens sur l’incrimination du déisme et de la libre pensée dans la jeune République américaine

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14 décembre 2022

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Auréliane Narvaez, « Éclairages foucaldiens sur l’incrimination du déisme et de la libre pensée dans la jeune République américaine », Transatlantica, ID : 10.4000/transatlantica.20159


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Résumé Fr En

Au tournant du xixe siècle, alors que la pensée déiste se diffuse aux États-Unis, les défenseurs du protestantisme et de la foi chrétienne entreprennent de contrer le développement de ce courant critique des religions instituées en incriminant « l’infidélité » religieuse. Ce combat idéologique devient alors le vecteur de normes disciplinaires, sociales et sanitaires qui s’affirment au cours de la première moitié du xixe siècle. Comment les concepts foucaldiens de gouvernementalité et de biopolitique nous permettent-ils de penser les déterminants de cette controverse anti-déiste ? La dimension sécuritaire et sanitaire de l’accusation d’infidélité religieuse consiste à désigner le déisme et le scepticisme religieux comme des terreaux propices au renversement des institutions, au basculement dans l’anarchie sociale et politique, voire dans la folie criminelle. Pour faire obstacle à ces dangers présumés, s’élabore une forme de gouvernementalité qui vise à faire intérioriser par les populations le rejet de toute critique des religions instituées. Une seconde stratégie s’attache à fusionner infidélités religieuse et sexuelle afin de stigmatiser les femmes qui enfreindraient les règles afférentes à leur sexe. Cette sexualisation de l’infidélité contribue au développement d’une biopolitique de la féminité qui associe critique des religions positives et licence sexuelle, libre pensée et dépravation morale.

The development of deistical freethought, which appealed to a growing share of the American population at the turn of the nineteenth century, gradually became a matter of concern for the Protestant religious authorities that endeavored to counter its growth by targeting and incriminating it under the umbrella term of religious “infidelity.” Led by actors of orthodox and evangelical Protestantism alike, this unprecedented attack on deism relied on the vindication of disciplinary, social, as well as sanitary norms. To what extent can Foucault’s concepts of governmentality and biopolitics be conducive to a better understanding of the characteristics and mechanisms of this anti-infidel controversy? These assaults on religious infidelity framed deism as a multifaceted peril disrupting the stability of the young Republic, ultimately forging a form of Protestant governmentality that sought to make the population internalize the rejection of religious skepticism. Undermining deism thus hinged on security and sanitary discourses that associated religious infidelity with anarchy, criminality, and even insanity. Conflating religious and sexual infidelity also contributed to the development of a biopolitics of femininity and womanhood that presented freethought and the critique of religion as synonymous with licentiousness and moral depravity.

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