8 février 2022
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Giordano Marmone, « Mauvais chanteur… mauvaise personne ? Échec musical et marginalité masculine chez les pasteurs Samburu du Kenya », Transposition, ID : 10.4000/transposition.7143
Chez les Samburu, pasteurs semi-nomades du Kenya septentrional, la précision exécutive dans la pratique musicale et chorégraphique est considérée comme une caractéristique distinctive de l’âge adulte. Les sessions musicales ratées et tout événement qui déstabilise le bon déroulement d’une performance musicale et dansée ne sont donc pas toujours vécus comme des simples accidents. Des compétences insuffisantes dans le domaine musical sont parfois perçues par les Samburu comme la conséquence d’un faible réseau relationnel, de qualités morales opaques ou d’un processus de socialisation irrégulier. L’incapacité à interagir musicalement avec ses pairs (à suivre le rythme, connaître les réponses du chœur, moduler le ton de la voix, etc.) ou des erreurs trop fréquentes peuvent conduire à (ou être le signe de) une marginalisation sociale qui affecte profondément le parcours de vie des individus même après leur passage à l’âge adulte. Chez les Samburu la pratique du chant soliste peut contribuer à légitimer l’autorité individuelle mais, si non suffisamment maîtrisée, peut également justifier des logiques d’exclusion. À travers trois études de cas, mon objectif, dans cet article, est de montrer comment l’incompétence et l’échec musical peuvent influencer la fabrication des statuts sociaux et politiques masculins dans cette communauté de pasteurs d’Afrique de l’Est.