30 juin 2022
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Johann Mazé, « Le défaut passager (extraits) », Transposition, ID : 10.4000/transposition.7560
On peut aborder le métier ou le statut de musicien underground comme une succession de galères innommables, où l’hygiène, l’alimentation et le sommeil ne vont pas nécessairement de soi, où les ennuis routiers et mécaniques ont un rapport immédiat à la géographie et à la ponctualité. Mais le lecteur ne doit pas se tromper, il doit rester vigilant et garder à l’esprit que ces anecdotes sont piquées parmi plusieurs centaines d’autres bien anodines, celles où le confort du lit le dispute à la réussite du concert, soit un aspect du récit bien ennuyeux voire négligeable.On peut aussi donner aux tournées de concerts des airs d’escapades éclairées, un biais suggérant une forme d’anti-tourisme, un voyage hors des circuits officiels, dans le gras de la carte, alors qu’on pourrait s’interroger sur le fait qu’il s’agit peut-être uniquement d’une poursuite glorieusement vaine, vainement glorieuse, à l’abri d’un pare-brise ? Un voyage de côté pour aller voir ailleurs si c’est bien comme ici ?On laisse aussi croire à la rencontre d’une altérité radicale, d’un genre de néo exotisme extra-capitaliste, mais on découvre dans un inconfort physique plus que mental, que la contestation et les marginalités réfugiées depuis des décennies dans des friches industrielles, des trains, des hôtels, des commerces abandonnés, autant de lieux provisoires et de transit, sont devenus une esthétique, quasi une norme internationale tout aussi exportable qu’un village vacances, et le faux nez d’une gentrification galopante. L’alternative y est politique tout autant que le signe simple et évident d’une séparation.