25 juillet 2019
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Fleur Kuhn-Kennedy, « Les mondes dépeuplés de Reïzl Zychlinsky », Tsafon, ID : 10.4000/tsafon.1310
Dans une littérature yiddish qui, traditionnellement, est associée au « féminin », on peut s’intéresser à l’évolution de l’image de la nature – préoccupation elle aussi considérée comme « féminine » – dès lors que les modernismes recomposent le rapport à la langue. L’œuvre de Reïzl Zychlinsky, poétesse reconnue par les introspectionnistes américains sans jamais avoir été affiliée à un quelconque mouvement, permet d’interroger à partir d’une trajectoire singulière la manière dont le passage d’une littérature didactique et collective à une écriture tournée vers l’expression de soi réinvente la relation du sujet avec le monde. Cette poésie dont la publication s’étend sur une bonne partie du XXe siècle (de 1936 à 1996) nous donne à voir un monde où les êtres et les choses s’interpénètrent, dans une représentation animiste qui fait de la nature, l’espace d’une mémoire à la fois permanente et omniprésente. Le lien à la terre, profondément lié à la mère et à la bourgade natale, se dissout petit à petit dans une identification globale au cosmos, où le seul territoire d’appartenance se trouve être l’espace poétique, symbolisé par des « îles » dans lesquelles se réinvente sans cesse le soi de l’auteur.