6 décembre 2017
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Vanessa Loubet-Poëtte, « Les fonctions de l’écrit intime dans la constitution du héros : Jackson Teller, volonté intime et destin tragique », TV/Series, ID : 10.4000/tvseries.2175
Bien qu’ultra-violente et basée sur le quotidien de bikers hors-la-loi, la série Sons of Anarchy (FX, 2008-2014) multiplie les références littéraires (William Shakespeare, Edgar Rice Burroughs, Stephen King), mythologique (Œdipe, Prométhée) et bibliques. Oscillant entre l’allusion légère et l’appropriation perspicace, ces mentions troublent les limites entre un espace culturel fictif et un espace culturel réel et sont pour le créateur Kurt Sutter l’occasion de questionner le travail même de l’écriture. Mieux, grâce à la figure du diariste, qui unit par-delà la mort un père et son fils – tous deux rédigeant des carnets intimes –, Sons of Anarchy établit la lecture et l’écriture comme ressources efficientes de son fonctionnement scénaristique. Mais plus encore que des procédés narratifs, ces actes instillent à la série une distance propice autant à l’affirmation d’une volonté intime dans un parcours initiatique – celui suivi par Jax Teller, successivement jeune homme dérouté, prince flamboyant et roi sanguinaire – qu’à l’émergence d’une force tragique – celle entrelaçant ses inconciliables conditions de fils, d’époux, de père et de chef de bande. C’est en cela que les écrits intimes dépassent l’écueil de leur caractère fragmentaire et privé pour devenir de véritables moteurs pour la constitution psychologique et ontologique du héros, grâce à plusieurs fonctions majeures (dialogique, introspective, programmatique et narrative).