La série Fargo ou le ré-ensauvagement du monde. Une économie politique de la prédation

Fiche du document

Date

3 mai 2022

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

TV/Series

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2266-0909

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess


Résumé Fr En

Cet article propose d’examiner l’intelligence du social propre aux trois premières saisons de la série télévisuelle américaine Fargo, inspirée du film des frères Coen sorti en 1996, et diffusée sur la chaîne FX de 2014 à 2017. Ces trois saisons relèvent d’une structuration schématique commune en dépit du format anthologique de la série supposé garantir leur indépendance narrative. Dans chacune de ces saisons, une grande entreprise mafieuse s’avise en effet de réaliser une opération d’expansion aux dépends d’une unité familiale de production. La révolution reaganienne des années 1980 a libéré les désirs d’appropriation sous la forme brute de la prédation et les enjeux de sécurisation du capital sont devenus vitaux chez les entrepreneurs ciblés. Ces récurrences analogiques d’une saison à l’autre témoignent d’un minutieux travail d’exploration sérielle des grandes mythologies américaines, et en particulier du darwinisme social, qui se représente l’économie comme un biotope structuré par des réseaux trophiques et l’homo œconomicus comme un animal. À cet entrecroisement permanent des registres de l’économie, de la biologie et de la guerre, la série oppose classiquement un ressourcement moral du capitalisme américain dans son éthique protestante originelle, mais propose aussi une critique politique autrement plus radicale de l’ultra-libéralisme économique.

This article examines the social intelligence of the first three seasons of the American television series Fargo, based on the Coen brothers' 1996 film and broadcast on the FX channel from 2014 to 2017. These three seasons have a common schematic structure despite the anthological format of the series, which is supposed to guarantee their narrative independence. In each of these seasons, a large Mafia company decides to expand at the expense of a family production unit. The Reagan revolution of the 1980s unleashed desires for appropriation in the crude form of predation, and the stakes of securing capital became vital for the targeted entrepreneurs. These analogical recurrences from one season to the next testify to a meticulous work of serial exploration of the great American mythologies, and in particular of social Darwinism, which represents the economy as a biotope structured by trophic networks and homo œconomicus as an animal. To this permanent interweaving of the registers of economics, biology and war, the series classically opposes a moral resourcing of American capitalism in its original Protestant ethic, but also proposes a far more radical political critique of economic ultra-liberalism.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en