15 juillet 2019
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Marie-Pierre Ballarin, « Le territoire des rois sakalava et le voyage des tromba dans le sud-ouest de l’océan Indien », Cahiers de l’Urmis, ID : 10.4000/urmis.1551
En partant du postulat de Joël Bonnemaison : « la relation et les droits sur le territoire s’expliquent par la relation au sacré et à l’espace culturel qui aboutit à une géographie mystique s’incarnant dans certains lieux et itinéraires et créant un réseau de lieux essentiels qui vont tisser une géographie de l’invisible », j’interrogerai la façon dont les rois sakalava du Boina (Nord-ouest de Madagascar) aux XVIIIe-XIXe siècles ont « produit » du territoire au travers des lieux de culte rendant hommage à leurs ancêtres. Il ne s’agit pas uniquement de reprendre l’itinéraire des lieux du sacré de la royauté sakalava du Boina, mais de le mettre en regard avec le maillage territorial colonial de la première moitié du XXe siècle. D’autre part, cet ancrage territorial relativement fort, s’est accompagné d’une mise en espace au travers du voyage des tromba, des esprits de ces rois sakalava, qui ont œuvré dans cette région du Boina, et migré par la suite dans la zone Océan Indien Occidental, des Comores à Zanzibar et dont on peut suivre la trace. Or, aux Comores et Zanzibar, les ancêtres royaux sakalava sont source de prospérité mais ne légitimisent pas l’autorité des gouvernants. En suivant le fil des généalogies des sakalava de cette région du Nord-ouest, nous verrons comment ce processus d’exportation des tromba s’est accompagné d’une perte de sens par rapport au territoire originel de la royauté du Boina à Madagascar. Nous nous demanderons ainsi dans quelle mesure ce déplacement de sens peut s’apparenter, ou non, à une dynamique de reterritorialisation du culte.