29 juin 2021
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Bertrand Jordan, « La génomique et la diversité humaine », Cahiers de l’Urmis, ID : 10.4000/urmis.2387
Le séquençage du génome humain (2003) a été suivi de progrès techniques qui permettent aujourd’hui la caractérisation détaillée (y compris la séquence intégrale) de l’ADN de milliers d’individus. Cela a fourni une estimation de la diversité génétique humaine, soit environ 3 millions de différences dans notre génome qui contient 3 milliards de bases. Bien que la divergence entre deux individus soit faible (environ 0,1 %), elle est responsable de la majeure partie de la diversité phénotypique observée au sein de la population humaine. Les techniques actuelles permettent de mesurer la distance génétique entre deux individus dont l’ADN a été analysé. En appliquant des méthodes de représentation multidimensionnelle, les résultats obtenus pour un grand ensemble d’individus montrent l’existence de groupements (clusters) regroupant des personnes plus similaires entre elles qu’avec des personnes d’autres groupes. Bien que ces groupes aient été définis uniquement par l’analyse moléculaire de l’ADN, ils s’avèrent correspondre approximativement aux groupes dits « ethniques » (par exemple Européens, Africains et Asiatiques). La diversité interne de chaque groupe est importante, mais l’analyse de milliers de marqueurs génétiques permet de les distinguer. Le terme de « Race », tels qu’il est généralement compris, ne correspond pas à la réalité de ces groupes : il suggère une forte homogénéité à l’intérieur de chaque groupe, implique des notions de comportement et de « caractère » sans fondement scientifique, et est marqué par son utilisation ancienne en tant que justificatif d‘oppression et même de génocide. « Ascendance » ou « Groupe d’ascendance » sont des termes bien préférables, d’autant plus qu’aujourd’hui beaucoup de personnes présentent un mélange d’ascendances. Les méthodes décrites ici ont été largement appliquées aux populations actuelles et à de l’ « ADN ancien » provenant de restes humains ou même de fossiles, et ont permis de grands progrès dans la compréhension de l’histoire de notre espèce.