11 novembre 2007
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Patrice Levang et al., « Droits fonciers coutumiers et autonomie régionale à kalimantan-est (Indonésie) », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.1375
Selon la constitution indonésienne de 1945, les droits coutumiers ne sont reconnus que s’ils n’entrent pas en contradiction avec les intérêts supérieurs de la Nation. C’est en matière de gestion forestière que cette contradiction est la plus évidente, puisque tant sous le pouvoir colonial néerlandais que sous les auspices de la jeune république indépendante, les peuples forestiers de l’archipel ne sont jamais parvenus à faire valoir leurs droits. La gestion des forêts, ou plus exactement des terres de statut forestier - soit 70% de la surface totale de l’archipel - est confiée au ministère des Forêts. Le pouvoir central ne reconnaît de droits fonciers aux populations locales que sur les terres effectivement cultivées : rizières et plantations. Forêts primaires et recrûs forestiers sont considérés comme propriété de l’État, en opposition totale avec les droits coutumiers pour lesquels le « droit de hache » est inaliénable. Sous la dictature du Général Suharto, les populations forestières de l’archipel durent assister au pillage de leurs forêts sans la moindre contrepartie. La situation devait changer du tout au tout avec la chute de Suharto en 1998 et la mise en œuvre de l’autonomie régionale à partir de 1999. Longtemps méprisées et tenues à l’écart par le pouvoir central, les populations indigènes demandèrent le respect de leurs droits coutumiers et la reconnaissance de leurs revendications foncières. A Kalimantan-Est, le retour à la coutume s’est avéré plus compliqué que prévu. D’une part, les groupes ethniques indigènes ont toujours fait preuve d’une forte mobilité spatiale, d’autre part la province a accueilli par le passé des migrants en nombre largement supérieur aux autochtones. Aujourd’hui, les populations locales se passionnent pour l’histoire et l’archéologie, des disciplines jusque-là ignorées. Le recours à ces disciplines n’a qu’un seul but : prouver l’antériorité de l’occupation du territoire afin de s’approprier le contrôle de ses ressources naturelles.