5 novembre 2013
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Grégoire Lits, « Analyse du rôle des chercheurs en sciences sociales dans la gestion des déchets radioactifs », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.14207
L’analyse de la carrière du problème des déchets radioactifs laisse apparaître une rupture importante dans le mode de traitement qui en est fait. Problème à l’origine considéré comme principalement technique, il s’est transformé, suite à un lent processus de « mise en politique », en problème sociotechnique. Gérer les aspects techniques du problème ne suffit plus. Il faut également gérer ce qui sera identifié comme ses « aspects sociaux ». Suite à ce tournant, on observe aujourd’hui l’émergence d’un consensus parmi les acteurs des décisions nucléaires. Pour gérer les « aspects sociaux », il est utile, voire nécessaire, de mobiliser l’expertise des chercheurs en sciences sociales. Ce consensus appelle donc à la collaboration entre experts en sciences sociales et experts nucléaires pour résoudre le problème des déchets radioactifs. Sur base d’une analyse de la littérature et de données ethnographiques recueillies principalement en Belgique depuis 2009, cet article propose une analyse des différents modes d’engagement des experts en sciences sociales dans la gestion des déchets radioactifs. Cette analyse permettra, dans un premier temps, de mettre en évidence l’existence d’une contradiction latente opposant, dès la fin des années 1940, sociologues et ingénieurs quant à leurs rôles respectifs dans la gestion des « aspects sociaux » du nucléaire. L’analyse des critiques portées par les chercheurs en sciences sociales permettra, ensuite, d’identifier l’existence de deux soubassements normatifs – deux visions de l’organisation souhaitable du monde social – permettant d’identifier les causes d’une possible difficulté de collaboration. Finalement, l’analyse de la littérature permet de dégager trois figures idéales typiques de l’engagement des chercheurs en sciences sociales. Ce modèle idéal-typique pourrait être utilisé dans le futur pour analyser des situations réelles d’engagement de chercheurs en sciences sociales dans la gouvernance de questions sociotechniques.