Réflexion sur la notion de services écologiques : étude de cas à Kotoudéni (Burkina Faso)

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27 janvier 2016

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Ali Bene et al., « Réflexion sur la notion de services écologiques : étude de cas à Kotoudéni (Burkina Faso) », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.16758


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La notion de « services écosystémiques » a été introduite dans un but de conservation pour éclairer les liens entre la dynamique de la biodiversité et les valeurs que les humains lui accordent. L’article examine comment les propos des habitants d’un village de la province du Kénédougou au Burkina Faso, Kotoudéni, peuvent être traduits en termes de services écosystémiques. Des enquêtes semi-structurées menées auprès de 23 personnes ont eu pour but de situer socialement les interlocuteurs et de susciter leur discours sur les divers espaces de leur terroir, leur importance relative, les utilisations propres à chacun, mais également sur les religions, la « tradition » et les changements environnementaux et sociaux en cours. L’analyse de ces discours a permis de dégager une conception locale et paysanne des « services écosystémiques » qui a été confrontée aux catégories de la classification du MEA (2005). Les usages matériels mentionnés correspondent assez bien aux catégories du MEA, mais le principal service rendu par les écosystèmes est d’ordre spirituel : organiser le monde et assurer son harmonie par l’intermédiaire d’êtres invisibles (ancêtres et génies). Vouloir faire entrer ce service spirituel dans la catégorie des services culturels revient à le défigurer et à en nier la portée. La conclusion est qu’une telle catégorisation standardisée ne peut permettre de rendre compte des services culturels : pour ceux-ci le recours à des approches plus large de type anthropologique reste nécessaire.

The concept of "ecosystem services" was developed to promote conservation and is intended to throw light on how changes in biodiversity over time relate to human appreciations of it. The authors examine to how well the perceptions of the residents of a village, Kotoudéni, in the Kenedougou province of Burkina Faso may be captured by this notion. Semistructured interviews were conducted with 23 inhabitants to determine their social status and elicit comments on the component zones of the local landscape (terroir villager), the relative importance of those zones, their distinctive uses, the religions, “tradition” and the interviewees’ reactions to ongoing environmental and social change. The local farmers’ understanding of "ecosystem services" as revealed in the course of these interviews is here contrasted with the categories of the MEA classification (2005). While the material uses match rather well the MEA categories, the main service provided to the local residents by their ecosystems is the organization of their world and a guarantee of harmony within that world through the action of invisible beings (ancestors and genies). Trying to insert this spiritual service in the category of cultural services is equivalent to disfigure it and deny its significance. This leads to the conclusion that such a standardized categorization cannot grasp cultural services : for them the use of wider anthropological approaches remains necessary.

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