15 août 2018
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Alexis Kaboré, « Revendications religieuses sur les aires protégées chez les Gourmantché du Burkina Faso », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.20317
Dans leur grande majorité, les aires protégées (forêts classées, parcs nationaux et réserves de faune...), sont d’anciens territoires de communautés installées dans leurs périphéries. Ces populations sont organisées au travers de processus de construction du territoire qui, dans la plupart des cas, comportent une dimension religieuse. Dans les sociétés de l’Afrique subsaharienne, les autels sacrificiels constituent la marque par excellence d’une telle représentation de l’espace. Continuer à offrir aux puissances associées à ces autels des sacrifices est, pour les populations, une obligation. Pour ce faire, il faut se rendre sur l’autel, même lorsqu’il est situé à l’intérieur du domaine classé. L’impossibilité de retourner sur les sites sacrificiels du fait des contraintes de l’aire protégée est un des principaux objets de la contestation opposée par les populations de la périphérie. Comment des sociétés caractérisées par la mobilité des populations résolvent-elles la contradiction entre déplacements (volontaires ou forcés) des hommes et « fixité » des lieux de culte? Chez les Gourmantché, beaucoup d’observateurs font remarquer que le système sacrificiel dispose en lui-même des solutions pour l’accès aux autels que les populations continuent à solliciter : il faut déplacer l’autel, le reproduire ou lui sacrifier à distance. Cependant, le recours à ces alternatives n’est pas toujours possible, comme nous le montrerons. L’objectif de cet article est d’analyser le sens des résistances manifestées par les pratiques de contournement des injonctions administratives et les discours critiques développés par les populations au sujet de l’accès à leurs lieux de culte.