2 août 2019
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Mariama Diallo, « La fabrique des acteurs de la justice environnementale dans l’Aire marine protégée du Bamboung au Sénégal », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.24088
Les Aires marines protégées (AMP) constituent actuellement des espaces d'expérimentation de la justice environnementale. La justice environnementale n’a pas pour seul objectif de rétablir un ordre naturel bouleversé par la pollution ou l’extraction de ressources naturelles. Elle concerne également la distribution de biens et services, d’avantages et de bénéfices issus de la biodiversité. Comment et par quels mécanismes y accède-t-on ? Cet article tente d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation à travers l’AMP de Bamboung, située dans le delta du Saloum au Sénégal. L’étude de cas révèle que les acteurs de la justice environnementale incarnent une élite « conservationniste », consciente des enjeux de conservation de la biodiversité et disposant déjà d’un capital « socio-économique » important leur permettant de se positionner en « courtiers » auprès des bailleurs de fonds et en intercesseurs auprès des populations locales. Ils ne sont pas fondamentalement les premiers ayants droit, ceux qui ont été lésés par la création de l'AMP. Les pratiques menées sous couverte de la justice environnementale et incarnées par ces acteurs, dans ce sens, favorisent une certaine reproduction sociale des inégalités et le maintien des hiérarchies sociales, politiques et économiques. De telles démarches trahiraient, sans doute, l’idée de la justice environnementale qui sous-tend la valorisation socio-économique des aires protégées ainsi que le partage des avantages qui en sont issus.