4 février 2022
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Cesare Mattina, « La difficile « sortie du nucléaire ». Dénonciations écologistes de la gestion des déchets dans un site italien en démantèlement (Saluggia) », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.33203
Selon une optique de sens commun, le référendum abrogatif antinucléaire de 1987 et l’arrêt des productions électronucléaires de 1990 certifieraient la « sortie de l’Italie du nucléaire ». Or, la gestion des déchets radioactifs et les démantèlements des sites montrent que la sortie du nucléaire est un processus long et complexe. Le cas italien est intéressant, car, par le biais d'un référendum tenu en 1987 et confirmé en 2011, il s’agit d’un des premiers pays à avoir arrêté sa production nucléaire. La contribution apportée par cet article porte plus particulièrement sur les rhétoriques de critique et de dénonciation utilisées par des associations écologistes locales à l’égard du secteur nucléaire. Cette recherche étudie pour cela le cas du démantèlement du site italien de Saluggia, dans la région du Piémont. Nous montrons que, malgré leur volonté affichée d’en « finir avec le nucléaire » et de libérer leurs territoires des déchets radioactifs, ces écologistes locaux restent à la fois empêtrés dans une logique de lutte avec le monde nucléaire et de dépendance vis-à-vis de ce même monde. Cet article fait ainsi le constat d'une évolution dans le temps des contenus de ces rhétoriques issues des associations écologistes. Nous observons d'une part que dans les années 1980 des élus et militants écologistes ou de l’extrême gauche italienne effectuaient des dénonciations et critiques du nucléaire politico-idéologiques articulant différentes échelles d’analyse (locale, nationale, internationale) ; tandis que dans les années 2000 et 2010 sont davantage mises en avant des rhétoriques de dénonciations souvent dépolitisées, très concentrées à l’échelle locale du site de Saluggia et ciblant quasi uniquement le gérant du démantèlement.