Pour une éthique de la dette écologique

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22 avril 2010

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Résumé Fr En

Nous proposons une assise éthique au concept émergent à l’échelle internationale de « dette écologique ». Nous faisons l’hypothèse que les nouvelles générations de philosophes de l’environnement devront conjuguer la catastrophe, non pas au futur antérieur, comme le font Hans Jonas ou Jean-Pierre Dupuy, mais au conditionnel passé. Il ne s’agit plus de travailler avec la « mémoire du futur », mais de retravailler les potentialités futures du passé, de réexplorer la mémoire écologique des catastrophes en cours et passées pour refonder les normes du vivre futur. Or, la notion de dette écologique nous invite précisément à repenser l’éthique environnementale à partir des fautes du passé. L’impératif d’une responsabilité environnementale des générations présentes envers les générations futures se double de la reconnaissance inéluctable d’une dette écologique immense due aux générations présentes par les générations passées. Nous est-il dès lors possible de l’annuler, ou pour le dire plus directement, de pardonner ? Mais pardonner la catastrophe, n’est-ce pas par là même abdiquer toute responsabilité future, briser l’échange intergénérationnel et renoncer à tout espoir d’une éthique environnementale globale ? Après un rappel historique de la genèse de ce concept que l’on peut définir empiriquement comme l’ensemble des atteintes aux milieux naturels exercées par des humains dans le passé, nous explicitons un modèle de responsabilité passée contrefactuelle que nous discutons de manière théorique ainsi que de manière appliquée autour de deux exemples de dette écologique, une dette territorialisée et privée concernant des pollutions industrielles et une dette globalisée et publique impliquant l’émission de gaz à effet de serre.

We propose an ethical background to the internationally emergent concept of “ecological debt”. We assume that the new generation of environmental philosophers will have to think the catastrophe, not on a future perfect mode like Jean-Pierre Dupuy or Hans Jonas’ theories, but on a past conditional mode. We refuse Dupuy’s “memory of the future” in order to reexplore the ecological memories of past and current catastrophes as a way to discuss the norms for the future. The notion of ecological debt invites us precisely to discuss a new environmental ethics based on past ecological faults. The imperative of an environmental responsibility from present generations towards future generations goes necessarily along with the acknowledgement of a massive ecological debt left by past generations to the present generation. Is it possible, not to say mandatory, to cancel and forgive this debt ? But, is forgiving the catastrophe not leading us to renounce to any consistent responsibility between generations and to miss the opportunity to reach a global and efficient environmental ethics ? After an historical reminder of the genesis of the notion of ecological debt, which can be defined as the totality of past environmental damages due to human activity and not compensated until the present, we put forward a model of past counterfactual responsibility both on a theoretical and a practical level. Eventually, two applied examples are discussed : one about a private and territorialized industrial debt due to decades of pollutions, and another one about a public and global debt, the climate debt.

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