23 novembre 2020
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Pauline Clech, « Une légitimation non-linéaire du rap en banlieue rouge depuis 1990. Analyse de la construction sociale d’une légitimité et d’une illégitimité artistique locale », Volume !, ID : 10.4000/volume.8581
Cet article analyse la construction sociale de la légitimité et/ou de l’illégitimité du rap en banlieue populaire parisienne, marquée par une gestion communiste. Si, à l’échelle nationale, les industries culturelles et les politiques publiques ont systématiquement associé rap et banlieue populaire à partir des années 1990, alimentant l’illégitimité du rap et la stigmatisation de la banlieue, qu’en est-il dans cet « espace social localisé » ? Au tournant des années 1990, le rap est approprié par une partie de l’élite locale – la « bourgeoisie rouge » – en charge des politiques culturelles locales. Cette dernière, en s’appuyant sur un registre de légitimation artistique à visée universaliste, inscrit le genre dans la tradition des politiques publiques soutenant la création artistique contemporaine. Néanmoins, dès 1991, le rap connaît un processus d’illégitimation artistique locale. La « bourgeoisie rouge » se détourne de ce genre, tandis qu’il est soutenu par des intermédiaires culturels du champ des politiques sociales. Ces acteurs s’appuient sur un registre de légitimation artistique à visée particulariste, fixant le rap comme un art de banlieue fait par et pour une jeunesse locale populaire et racisée. À partir du milieu des années 2000, face à ce constat de l’illégitimité artistique du rap, quelques membres de la « bourgeoisie rouge » mènent à nouveau un travail de légitimation du rap, opérant cependant une sélection dans le rap soutenu.