19 mai 2014
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Rina Dudai, « From Excess to Origin: Traversing Time Zones as an Act of Redemption in The Man who Never Stopped Sleeping by Aharon Appelfeld », Yod, ID : 10.4000/yod.2177
Je voudrais aborder dans cet article un aspect de l’œuvre littéraire d’Aharon Appelfeld qui met en relation l’expérience traumatique de la Shoah avec un sentiment religieux et avec l’écriture poétique. J’illustrerai mon propos en faisant référence au livre d’Appelfeld Le garçon qui voulait dormir. Il me semble que la religiosité pourrait être vue comme une stratégie de contournement de la mémoire traumatique. De mon point de vue, la confrontation d’Appelfeld avec la mémoire traumatique implique la substitution du vide engendré par le trauma avec un attachement à la religiosité, vue comme un acte extatique d’écriture poétique. Pour Appelfeld, la religiosité représente l’expérience, l’émotion et l’attitude personnelle par rapport à la transcendance, une expérience qui est très proche de l’acte créateur de l’écriture. Dans cette perspective, le résidu inexprimé du trauma renvoie au début de sa propre vie et de celle de ses ancêtres. La trajectoire qui le remet en contact avec la vie le conduit aussi vers les origines primordiales de sa famille. Il s’agit d’un acte morbide, à la dimension orphique, mais pour Appelfeld c’est une source de vie. En revenant chez lui, aux origines, à ses parents, ses grands-parents et ses arrière-grands-parents, Appelfeld semble retourner au temps d’avant le trauma, en réparant ainsi les brisures de sa vie par l’écriture et en essayant de guérir son être meurtri.