30 septembre 2024
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Marianne Blanchard et al., « Inquiets mais pollueurs : les personnels de la recherche face au réchauffement », Archined : l'archive ouverte de l'INED, ID : 10.58079/12dsm
L’été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Face à l’inaction climatique, des chercheurs et chercheuses de toutes disciplines se mobilisent depuis plusieurs années pour tenter d’alerter le grand public sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Au sein de groupes comme Scientifiques en rébellion, ils et elles conduisent des actions de désobéissance civile, par exemple contre la construction d’un terminal méthanier au Havre en mai 2023, et accompagnent certaines luttes, comme l’opposition à l’autoroute A69. Mais qu’en est-il de l’ensemble de la communauté de la recherche ? Le constat d’une urgence à agir est-il partagé ? Et comment les personnels se situent-ils par rapport à leurs propres activités ? En effet, le bilan carbone de la recherche est loin d’être négligeable, entre les déplacements en avion et l’usage d’équipements énergivores. Les projets de grandes infrastructures scientifiques, comme le collisionneur au CERN font ainsi débat : au nom de la connaissance scientifique, peut-on accorder à la recherche un droit à polluer supérieur aux autres secteurs d’activités ? L’enquête sur les rapports entre le monde de la recherche français et le réchauffement climatique apporte un éclairage à ces questions. Elle a été menée dans le cadre du collectif Labos 1point5, qui travaille à mesurer et réduire l’impact environnemental de la recherche. Cette étude est l’une des plus importantes jamais réalisées sur le sujet : conduite en 2020, elle s’appuie sur un échantillon de plus de 6000 répondant·es et est représentative de la majorité des acteurs et actrices du monde de la recherche publique française, quel que soit leur statut et leur discipline. Ce travail mesure d’une part, les pratiques fortement émettrices de GES, comme les déplacements en avion et l’utilisation de gros équipements expérimentaux. D’autre part, il analyse les représentations des acteurs et actrices de la recherche concernant l’urgence climatique, et ce qu’ils et elles sont prêt·es à mettre en œuvre pour réduire leurs émissions. Il montre un net décalage entre des attitudes très sensibles à l’urgence climatique et des pratiques toujours fortement émettrices de GES.