Marcinho et Mauricinho : La violence et les « nouveaux » héros de Rio de Janeiro, Brésil

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2001

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Anthropologie et Sociétés ; vol. 25 no. 3 (2001)

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Annette Leibing, « Marcinho et Mauricinho : La violence et les « nouveaux » héros de Rio de Janeiro, Brésil », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/000258ar


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Dans son article sur les sociétés post-traditionnelles, Giddens recommande l’instauration d’une « démocratie dialogique » pour remplir le vide laissé par la disparition des ordres moraux traditionnels. Dans cet article, je suggère qu’au Brésil, une démocratie dialogique factice, fondée sur l’inversion, a pour effet de réduire au silence la voix de nombreux acteurs sociaux impliqués dans le drame de la violence urbaine. On trouve dans les médias, mais aussi dans les débats politiques sur l’identité nationale, des récits publics définissant et fusionnant des valeurs traditionnellement opposées comme le bien et le mal, les riches et les pauvres, les bandits et les héros. Au Brésil se développe actuellement une fascination pour les bandits, redéfinis comme de nouveaux héros. Deux histoires tirées de la presse locale illustrent ce phénomène. La première raconte l’histoire de Mauricinho Botafogo, un bandit issu de la classe moyenne et l’autre, celle de Marcinho VP, un trafiquant de drogue et leader d’une favela (un bidonville) de Rio de Janeiro — Michael Jackson a dû lui demander la permission de tourner un vidéo-clip sur « sa » montagne. VP a aussi reçu une « subvention » de la part d’un membre d’une des plus riches familles de Rio de Janeiro pour écrire un livre sur sa vision du monde ; il s’y présente lui-même comme un Lampião moderne (le Robin des bois brésilien) et la victime d’une société inégalitaire. La fascination pour des bandits comme Marcinho et Mauricinho nourrit la banalisation et l’esthétisation croissantes de la violence, ainsi que l’indifférence à son égard.

Giddens in his article on post-traditional societies recommends a ‘‘dialogical democracy’’ to fill in the void left by the disappearance of traditions (moral orders). In this paper we argue that a ’fake dialogical democracy’ or ‘‘inversions’’ end up silencing the voices of many social actors involved in the drama of urban violence. Public narratives on the approximation and fusion of traditionally separated values like good/bad, rich/poor, or bandit/hero can be found in the mass media, but also is part of the national identity politics. Nowadays, a fascination for bandits as the new heroes is taking place in Brazil. Two recent discussions in the local press were chosen for illustration. One is about Mauricinho Botafogo, a bandit coming from the middle class and the other one was initiated by Marcinho VP’s story, a drug boss and leader of a favela (slum) in Rio–Michael Jackson had to ask for his permission in 1996 to film a video clip on the hill. VP received a ‘‘grant’’ by a member of one of the richest families in Rio to write a book on his worldview, in which he presented himself as a modern Lampião (the Brazilian Robin Hood) and victim of an unequal society. The fascination with bandits like Mauricinho and Marcinho is part of the growing banalization, aesthetization and indifference regarding violence.

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