2002
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 12 no. 3 (2002)
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Charles Musser, « Utopian Visions in Cold War Documentary : Joris Ivens, Paul Robeson and Song of the Rivers (1954) », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/000738ar
Cet article porte un regard nouveau sur certains projets documentaires, cinématographiques et photographiques, qui tentaient d’articuler des éventualités utopiques au plus fort de la guerre froide, au moment où des impératifs idéologiques muselaient les artistes, quelles que soient leurs convictions politiques. L’oeuvre au centre de cette étude est Song of the Rivers (1954) de Joris Ivens, qui est analysée et ensuite mise en parallèle avec l’exposition de photographies d’Edward Steichen, Family of Man (1955). Afin de mesurer la complexité textuelle et la dialectique propre au film d’Ivens, cette analyse se penche sur les récits personnels, tissés à même les aspirations épiques du film. Ces récits, concernant Ivens et Paul Robeson, mobilisent la figure du fleuve qui apparaît à la fois dans le cinéma soviétique et les performances de Robeson. Ivens et Robeson ont tous deux repris, et par là-même re-figuré, des éléments de Song of the Rivers dans le cadre de deux projets cinématographiques de moins grande envergure et plus intimistes : pour Ivens, La Seine a rencontré Paris (1957) et, pour Robeson, Brücke über den Ozean ( Bridge Over the Ocean, 1958), réalisé avec Earl Robinson.