1999
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Criminologie ; vol. 32 no. 1 (1999)
Tous droits réservés © Les Presses de l'Université de Montréal , 1999
Marie-Sylvie Dupont-Bouchat, « Le crime pardonné : La justice réparatrice sous l’Ancien Régime (XVI e -XVIII e siècles) », Criminologie, ID : 10.7202/004719ar
Deux modèles de justice criminelle coexistent tout au long des XVI e , XVII e et XVIII e siècles : celui de la justice royale fondé sur la condamnation et la punition, et celui, plus caché, de la justice réparatrice, fondé sur la négociation et l'accommodement, hérité du Moyen Âge. Mais à partir du XVI e siècle, le souverain qui a monopolisé l'exercice de la justice, le droit de punir, s'est aussi réservé le droit de pardonner. Punir et pardonner constituent ainsi les deux volets complémentaires d'une double stratégie de maintien de l'ordre, fondée à la fois sur l'éclat des supplices et la générosité du pardon. Pour être pardonné, l'accusé doit reconnaître son crime, en demander pardon au souverain. Celui-ci lui accorde sa rémission, moyennant la réparation des dommages causés à la victime, ou à sa famille, et le paiement d'une amende au profit du souverain. La justice réparatrice s'inscrit désormais dans un modèle de « justice imposée » où la négociation est reléguée dans l'accord conclu avec la partie offensée.