2002
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Tangence ; no. 69 (2002)
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Clélia Nau, « L’aperception des ressemblances. Métaphores filées dans l’Apollon amoureux de Daphné », Tangence, ID : 10.7202/008072ar
Cet article entend montrer l’intérêt pour une pratique — celle de Poussin en particulier — aussi bien que pour une théorie de la peinture de la transposition dans l’ordre du visuel d’une figure — la métaphore — qu’on pouvait croire exclusivement liée à l’exercice de la langue encore qu’Aristote lui reconnût le pouvoir de « faire tableau ». À travers et au-delà même du cas de Poussin qui, bien souvent, au lieu d’une histoire unique, représente une véritable constellation de mythes liés entre eux par tout un réseau d’analogies — ainsi en va-t-il dans le tableau intitulé Apollon amoureux de Daphné qui sera ici décrit en détail —, il convient de s’interroger sur les conséquences, pour le travail du peintre comme pour celui de l’interprète, de cet usage de la métaphore en peinture. Si cette figure suppose, ainsi que l’écrit Aristote dans la Poétique, la perception théorique de la ressemblance et si le peintre y a recours dans l’élaboration de ses sujets, qu’en est-il dès lors du phénomène de l’invention en peinture ? Comment l’interprète procédera-t-il dans sa lecture du tableau si tout y est subordonné au jeu de la métaphore, si seule la restitution des ressemblances aperçues par le peintre permet de donner sens à l’agencement des figures sur la toile ? L’ambition de ces pages est moins de proposer une méthode d’interprétation des tableaux de Poussin que de mettre l’accent sur les difficultés rencontrées dès lors qu’on s’engage pleinement, sans faire l’économie des détours qu’elle impose, dans l’herméneutique complexe de ces images insolites.