2003
Ce document est lié à :
Études françaises ; vol. 39 no. 3 (2003)
Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2003
Jean Bertrand, « Édouard-Zotique Massicotte : la prose de passage », Études françaises, ID : 10.7202/008146ar
La présente étude entend examiner les (rares) poèmes en prose de Massicotte à l’aune du discours de presse qui leur est contemporain. Taxés de « décadentisme », et donc dévalués par avance, ces poèmes importent en effet quelques-uns des thèmes et des formes — dont le poème en prose lui-même — qui se sont développés en France et qui constituent le fonds de commerce de la production décadente symboliste des années 1880. Cependant, à lire de plus près cette production, il apparaît que le modernisme décrié de Massicotte (son inobservance de la morale) est incompatible avec la notion de modernité telle qu’elle a été promue en France depuis Baudelaire. Une raison à cela, qui n’est pas étrangère aux littératures dites périphériques : l’inscription identitaire — canadienne-française en l’occurrence — difficilement assimilable à l’intérieur d’une littérature qui revendique son autonomie. Massicotte est donc pris dans cette contradiction qui fait l’intérêt presque unique de sa production poétique, tiraillée entre le désir de contribuer à une littérature nationale et celui de faire passer outre-Atlantique le programme d’une modernité en plein essor.