2004
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Philosophiques ; vol. 31 no. 2 (2004)
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Claude Panaccio, « Tarski et la suppositio materialis », Philosophiques, ID : 10.7202/009809ar
Dans son article de 1944, « The Semantic Conception of Truth and the Foundations of Semantics », Alfred Tarski réfère en propres termes à la notion médiévale de « suppositio materialis ». L’interprétation qu’il en suggère, cependant, est historiquement trompeuse et l’inexactitude historique se double, en l’occurrence, de ce que l’on peut tenir pour une malencontreuse erreur philosophique. Dans « “la neige est blanche” est vraie », Tarski voit l’expression « la neige est blanche » (entre guillemets) comme le nom d’une certaine phrase, alors que les médiévaux y auraient vu plutôt une occurrence de cette phrase elle-même prise dans un usage spécial, la suppositio materialis. L’article montre en quoi les deux approches diffèrent et soutient que la théorie médiévale est philosophiquement préférable, en ce que : 1) elle est descriptivement plus adéquate en ce qui concerne le fonctionnement réel des langues naturelles ; 2) elle est plus appropriée même pour les langages construits qu’elle rend plus fonctionnels et plus intelligibles ; 3) elle repose sur l’identification d’un phénomène important dont la généralité échappe aux sémantiques d’inspiration tarskienne, celui de la dualité de principe entre l’extension d’un terme pris en lui-même et celle qu’il reçoit dans un contexte propositionnel donné.