État colonial et savoir démographique en AOF, 1904-1960

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1996

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Cahiers québécois de démographie ; vol. 25 no. 1 (1996)

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Raymond R. Gervais, « État colonial et savoir démographique en AOF, 1904-1960 », Cahiers québécois de démographie, ID : 10.7202/010202ar


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L'amnésie entourant les processus de production des estimations de population dans l'Empire colonial français contraste singulièrement avec les efforts de clarification des autorités britanniques dès 1940. Afin de comprendre cet « oubli », il faut bien mesurer le poids des diverses dichotomies à l'oeuvre au sein de l'État colonial : entre les divers échelons de l'administration, entre les tâches administratives et techniques, entre le système colonial et le reste de la communauté internationale. Dans le domaine démographique comme dans beaucoup d'autres, un mimétisme institutionnel et technique fut imposé aux administrateurs outre-mer, avec cette spécificité notable qu'il y eut toujours prééminence accordée à l'acte de compter sur sa crédibilité méthodologique. Puis, après les premières circulaires (celles de 1904 et 1909), les opérations de « recensement » colonial vont implacablement se confondre avec les tâches quotidiennes de l'administration : fiscalité, justice, police, etc. Cette évolution ne sera pas sans conséquence sur la forme et la finalité du savoir démographique produit en AOF. Les catégories classificatoires, les modes d'estimation et la législation (en particulier pour l'état civil) vont subir une dégénération en fonction de ces pressions. L'opposition larvée entre administrateurs et techniciens s'est donc nourrie de l'existence souvent contradictoire de séries de recensements administratifs annuels et des résultats d'enquêtes par échantillonnage, après 1954. On peut conclure à un bilan mitigé des efforts de construction d'un savoir démographique et surtout de son intégration dans les prises de décision concrètes.

Our lack of knowledge on the production of population estimates in France's colonial empire is in sharp contrast to the efforts of British authorities after 1940. To understand this "omission," we have to assess the numerous oppositions existing within the French colonial state: oppositions between the various administrative levels, between administrative tasks and technical functions, and between the colonial system and the rest of the international community. In demography as in many other areas, metropolitan France's institutional and operational structures were imposed on overseas administrators, with the notable particularity that the process of counting acquired preeminence over methodological concerns. Then, after the first memoranda of 1904 and 1909, colonial census-taking activities were inexorably merged with everyday administrative tasks: taxation, justice, policing, etc. This shift clearly influenced the form and function of demographic knowledge in French West Africa (AOF). The development of classification categories, estimation methods and legislation (especially regarding vital statistics) was all negatively affected by such pressures. The latent opposition between administrators and technicians was thus fueled by frequent contradictions between annual census statistics and the results of sampling surveys after 1954. We conclude with a mixed assessment of attempts to amass demographic knowledge and especially of the influence such knowledge actually had on decision-making.

La "amnesia" que rodea los procesos de producción de estimaciones de población en el Imperio colonial froncés hace singular contraste con los esfuerzos de clarification que efectuaron desde 1940 las autori-dades britânicas. Para poder comprender este "divido", hay que medir el peso de las distintas dicotomias que existen en el Estado colonial: entre los distintos nivelés administrativos, entre las tareas adminis-trativas y técnicas, entre el sistema colonial y el resto de la comunidad internacional. En el ambito de la demografia, corno en otros muchos, se impuso un mimetismo institucional y tècnico a los administradores en ultramar, con la notable particularidad que siempre se otorgó especial preeminencia al hecho de contar con su credibilidad metodològica. Mas tarde, después de las primeras ctrculares (las de 1904 y 1909), las operaciones de "censo" colonial se confunden implacablemente con las tareas administrativas cotidianas: fiscalidad, justicia, policia, etc. Esta evoludón afecta la forma y lafinalidad del saber demogràfico produddo en AOF. Las categorias de clasificación, los modos de estimation y la legislation (sobre todo en el caso del estado civil] van degeneràndose en funcion de estas presiones. La oposición latente que existe entre administradores y técnicos se ha estado alimentando de la existencia, a menudo contradictoria, de series de censos administrativos anuales y de resultados de encuestas por muestrario, después de 1954. Puede dedrse que los esfuerzos por construir un saber demogràfico, y sobre todo por integrar a este en las tomas de decision concretas, han tenido resultados mitigados.

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