2003
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Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 14 no. 1 (2003)
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C’est en écrivant ses textes sur le Canada qu’André Siegfried aurait élaboré sa vision de l’identité nationale française. Bien que l’on ait toujours apprécié la perspicacité de ses écrits, de récentes recherches ont fait ressortir que Siegfried aurait encouragé l’antiaméricanisme et défendu une vision restrictive de ce que signifiait être un Français au cours de la première moitié du XXe siècle. À ses yeux, le Canada constituait un terrain où s’affrontaient, de façon encadrée, les cultures britannique et française ; mais le Canada représentait aussi un des premiers exemples de pays victime des effets pervers de l’américanisation. Pour André Siegfried, le Canada français était une société essentiellement conservatrice et immuable, caractéristiques qui lui avaient permis de survivre au combat culturel et de résister à l’influence néfaste des États-Unis. Ce raisonnement problématique le convainquit que la France devait elle-même rester fidèle à ses valeurs « traditionnelles ». On vit clairement où pouvaient mener de telles idées, qui continuèrent d’ailleurs d’avoir cours après la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu’André Siegfried sembla s’accommoder du gouvernement de Vichy.