2004
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Tangence ; no. 75 (2004)
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Christiane Ndiaye, « Le dépassement de la discrimination des formes : métissages intertextuels et transculturels chez Pineau, Sow Fall et Mokeddem », Tangence, ID : 10.7202/010786ar
Plusieurs textes des écrivaines de la francophonie interrogent de diverses manières les formes littéraires canoniques. Cet article examine le questionnement des genres et textes fondateurs dans trois romans qui procèdent à un décloisonnement interculturel et transgénérique. Dans L’espérance-macadam de Gisèle Pineau, c’est l’usage inapproprié du texte biblique et des contes merveilleux (« contes bleus ») qui est problématisé à travers des personnages qui n’ont plus de langage propre à force de reproduire fidèlement ces modèles consacrés. Chez Aminata Sow Fall, le romanesque fusionne avec la forme traditionnelle de l’épopée pour créer un métadiscours qui valorise la multiplicité des formes et des lectures et récuse toute hiérarchie qui instaure une discrimination entre formes (races ou individus) « supérieures » et « inférieures ». Ce principe de l’égalité des races, cultures et formes littéraires se trouve également au centre du roman de Malika Mokeddem, Le siècle des sauterelles, où l’Orient rencontre l’Occident, où oralité et écriture, poésie et histoire s’amalgament dans un métissage textuel éloquent. Ainsi, ces romancières ne se contentent pas de raconter des histoires plaisantes ; elles mettent en évidence l’un des fonctionnements essentiels de la littérature contemporaine, déjà conceptualisé par Glissant : relater, c’est-à-dire raconter mais aussi mettre en relation.