2004
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Relations industrielles ; vol. 59 no. 4 (2004)
Tous droits réservés © Département des relations industrielles de l'Université Laval, 2004
Michael Brookes et al., « “Pulled Apart, Pushed Together” : Diversity and Unity within the Congress of South African Trade Unions », Relations industrielles / Industrial Relations, ID : 10.7202/011338ar
Cet essai se veut une étude des liens horizontaux et verticaux à l’intérieur du mouvement ouvrier national, une étude basée sur une enquête auprès des membres des syndicats affiliés au Congrès des syndicats sud-africains.Au cours des 25 dernières années, les syndicats ont fait face à des problèmes sérieux, sur le plan international, en cherchant à gérer les pressions liées à la « mondialisation ». Bien qu’à l’intérieur des contextes nationaux, les syndicats n’aient pas connu des taux uniformes de déclin, la plupart d’entre-eux ont perdu des membres. Cependant, dans le cas de l’Afrique du Sud, au cours de cette même période, les syndicats ont connu une période de croissance et de consolidation. Ceci est dû à la participation du Congrès des syndicats à la résistance populaire au régime de l’apartheid, ce qui représentait à la fois un défi industriel dans le champ économique de l’apartheid et un défi politique, par le biais de cette alliance tripartite entre le Congrès des syndicats sud-africains, le Congrès national africain et le Parti communiste sud-africain, alors embryonnaire.Depuis la chute de l’apartheid et avec la domination politique du Congrès national qui s’en est suivi en Afrique du Sud, on s’est posé des questions au sujet de la pertinence de l’implication soutenue du Congrès des syndicats dans l’Alliance. D’un côté, les critiques conservateurs, en alliant la logique Olsonian à la théorie économique néoclassique orthodoxe, ont dénoncé la capacité du Congrès des syndicats à nuire au marché du travail, en excluant les intrus du monde du travail et en créant une pression sur les employeurs. D’un autre côté, les critiques de la gauche ont commencé à mettre en cause l’appui maintenu au Congrès national, étant donné l’agenda néolibéral du Congrès et étant donné que les politiques qui en découlent ont un effet négatif sur les syndicats membres au sein du Congrès des syndicats.La présente recherche est basée sur une enquête à l’échelle nationale conduite en 1998 auprès de travailleurs de la base au sein des syndicats affiliés au Congrès des syndicats. Elle cherchait à vérifier dans quelle mesure il y avait une absence d’appui à la propension des syndicats à entreprendre une action industrielle (donnant ainsi raison à la critique conservatrice), ou s’il y avait des dissensions au niveau de l’appui à l’Alliance (donnant ainsi raison la critique de la gauche). L’échantillon utilisé était à paliers multiples, sur une base régionale, et il incluait 646 répondants. Pour apprécier de façon plus formelle le niveau d’intégration ou de ruptures au Congrès des syndicats, nous avons retenu la propension à entreprendre une activité de grève comme indicateur d’une solidarité horizontale et l’appui au Congrès national, à titre d’indicateur d’une solidarité verticale. Dans les deux cas, nous avons étudié les disparités de comportement d’une région, d’une occupation, du genre et d’un groupe racial à un autre. Après avoir maintenu ces facteurs sous contrôle, nous avons pu vérifier des hypothèses, en tenant compte de toute différence significative d’un syndicat à un autre touchant la probabilité d’une action industrielle et le niveau d’appui au Congrès national indiquant la présence de ruptures internes et externes respectivement.Les conclusions de l’étude montrent des niveaux élevés de solidarité chez les membres des syndicats : 68 % des répondants (420) avaient alors participé à une activité de grève à l’intérieur des quatre dernières années et l’appui à l’Alliance était considérable (75 %). Cependant, à l’intérieur de la grille de la solidarité, les modèles présentent une certaine diversité. L’appartenance à un syndicat en particulier et la présence d’un délégué d’atelier entretiennent une relation significative avec la probabilité qu’une activité de grève ait lieu, mais cette relation ne se vérifie pas dans le cas des facteurs région, langue, occupation et niveau d’éducation. En termes d’appui à l’Alliance, l’effectif d’un syndicat spécifique et la langue indiquent quelques divergences, mais la région ne le fait pas.De façon globale, l’étude permet de constater la présence de niveaux élevés de solidarité verticale et horizontale au sein du Congrès des syndicats sud-africains. Les travailleurs semblent appuyer les stratégies retenues par leurs dirigeants dans le sens du maintien d’une alliance avec le Congrès national. De plus, on observe peu de divergences quant à la probabilité d’une activité de grève chez les membres du Congrès des syndicats sud-africains. Des exceptions persistent, cependant, au passage du genre à l’autre, d’une race à une autre, et peut-être, ce qui semble plus inquiétant, entre les syndicats mêmes du Congrès des syndicats sud-africains.