Raymond Guérin entre Stendhal et Henri Beyle

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2005

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Études littéraires ; vol. 36 no. 3 (2005)

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Albert Camus, après avoir lu Quand vient la fin, félicitait Raymond Guérin d’avoir recouru, comme Stendhal, à ce qu’il nomme la « psychologie du scalpel », et il est vrai que l’auteur de Lamiel avait fourni une épigraphe à ce roman ; mais la fidélité de Guérin à Henri Beyle s’affirmera encore au seuil d’autres ouvrages ou dans sa correspondance. Plusieurs commentateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, André Rousseaux, Louis Émié ou Joë Bousquet, qui tous établirent un parallèle entre les deux écrivains. Il y va d’abord du voeu de ne s’adresser qu’à « l’heureux petit nombre » — the happy few —, non pas par snobisme mais par exigence esthétique. Il y a ensuite la passion pour l’Italie, au coeur des romans ou des oeuvres intimes. Mais c’est surtout la conception de la nature humaine qui les rapproche et leur fait adopter, à un siècle près, des techniques littéraires très voisines : les Rapports du physique et du moral que Stendhal avait appris de Cabanis se prolongent chez Guérin avec la théorie de la « physiopsychologie », ce qui détermine la conception du personnage et se traduit par la dénonciation de l’hypocrisie telle qu’on la trouvait déjà dans Le Rouge et le Noir ou Lamiel, sur un air de cynisme que Guérin avait voulu se donner en s’identifiant à Diogène. Cette connaissance intime de l’être — véritable dissection de la créature – passe par l’usage du monologue intérieur, à peine naissant chez Stendhal, diaboliquement complexe chez Guérin, leur recherche maniaque de l’authenticité leur faisant également privilégier le fait divers ou « le petit fait vrai » ; ce qui ne les a pas empêchés, pour autant, de proclamer que la première vertu d’un roman était d’être romanesque et de susciter avant tout l’émotion. Il est tout à fait caractéristique que le grand retour de Stendhal sur la scène littéraire française se soit opéré au début des années 1950, à une époque où Guérin atteignait sa pleine puissance de romancier.

After reading Quand vient la fin, Albert Camus congratulated Raymond Guérin for having used, like Stendhal, what he called the “ psychology of the scalpel ”. Guérin’s affinity with Henry Beyle is visible not only in the epigraph to this novel — which is taken from Lamiel — but also in other works, in his correspondence, in his determination to write for “ the happy few ” and in his passion for Italy. Above all, however, they share a vision of human nature that leads them to adopt a similar approach to writing: the interrelation of the physical and the moral that Stendhal barrowed from Cabanis find an echo in Guérin’s theory of “ physiopsychology ”, a theory that determines his concept of characters and leads to a denunciation of hypocrisy reminiscent of Le rouge et le noir and Lamiel, though with a cynicism that Guérin reinforces by identifying himself with Diogenes. This intimate knowledge of human nature expresses itself through the use of interior monlogue — scarce in Stendhal, diabolically complex in Guérin — and through the obsessive quest for authenticity that drove them both to value the anecdotal or the “ realistic detail ”. At the same time, both proclaimed that the principal quality of a novel is its fictional nature and capacity to provoke emotions. It is not by chance that Stendhal’s return to literary prominence in the early 1950’s corresponds to the period in which Raymond Guérin rose to his greatest achievements.

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