2006
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Revue des sciences de l'eau ; vol. 19 no. 2 (2006)
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Solange Duhamel et al., « Assessing the microbial community dynamics and the role of bacteriophages in bacterial mortality in Lake Geneva », Revue des sciences de l’eau / Journal of Water Science, ID : 10.7202/013045ar
Il est aujourd’hui bien établi que l’on ne peut prétendre comprendre le rôle du vivant dans le fonctionnement des écosystèmes aquatiques sans répondre à un certain nombre de questions fondamentales telles que celles portant sur l’identité et l’abondance des organismes présents, leurs taux métaboliques et reproductifs, ou encore leurs fonctions précises dans l’écosystème. Dans les systèmes lacustres, l’omniprésence et le rôle-clé des processus microbiens ont été largement démontrés au cours des deux dernières décennies. Toutefois, les mécanismes de régulation ainsi que la diversité fonctionnelle des communautés microbiennes demeurent un sujet central de la recherche actuelle. Si nous avons commencé à accumuler de grandes quantités d’informations concernant le compartiment bactérien, il n’en est pas de même pour le compartiment contenant les plus petites et les plus abondantes entités biologiques de la colonne d’eau : les virus. L’importance qualitative, quantitative et fonctionnelle des virus bactériophages et leur impact dans le contrôle et le déclin des communautés bactériennes dans les écosystèmes lacustres sont en effet encore mal connus. On sait aujourd’hui que les virus interviennent dans les processus de perte (mortalité) qui affectent les communautés microbiennes, mais aussi dans la structure en taille, la composition et la régulation de la diversité des peuplements microbiens, dans le recyclage des nutriments inorganiques et de la redistribution de la matière organique.Dans ce travail, nous avons étudié, pour la première fois, la dynamique des communautés microbiennes dans le plus grand lac naturel d’Europe occidental (le lac Léman) entre février et juin 2004. Le dénombrement des différents micro-organismes (effectué à huit profondeurs comprises entre 0 et 50 m) a été obtenu via la cytométyrie en flux et la microscopie à épifluorescence. Cette approche « écosystémique » nous a permis d’acquérir une image aussi précise que possible de la structure et de la dynamique de la communauté microbienne, composée des picocyanobactéries, des bactéries hétérotrophes, de petits eucaryotes flagellés et ciliés hétérotrophes et mixotrophes et enfin des virus. Typiquement, il a pu être mis en évidence des liens étroits entre certaines communautés, comme par exemple les bactéries et les virus du groupe VLP1 (r = 0,51; p