2006
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Études littéraires ; vol. 38 no. 1 (2006)
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Fransiska Louwagie, « Comment dire l’expérience des camps : fonctions transmissives et réparatrices du récit testimonial », Études littéraires, ID : 10.7202/014822ar
Les témoignages des camps répondent à la fois à une fonction de transmission de la mémoire et à un besoin de réparation identitaire de la part du rescapé. Les témoins ont rattaché l’une et l’autre fonction à l’élaboration d’un idiolecte, qu’ils distinguent du langage parlé au camp et de la langue de leur lectorat. D’une part, l’idiolecte du camp est mis à distance en vertu de la recomposition de l’identité du témoin et en vue de faciliter la compréhension du récit par le public. D’autre part, les témoins isolent leur propre vision du monde de celle des lecteurs et tentent de défendre leur expérience contre une récupération par des idéologies extérieures. L’idiolecte testimonial constitue dès lors un cheminement prudent entre la culture-source du camp et la culture-cible du lectorat. Ce procédé s’applique aussi au niveau de la « mise en récit » du témoignage.