1993
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Anthropologie et Sociétés ; vol. 17 no. 1-2 (1993)
Tous droits réservés © Anthropologie et Sociétés, Université Laval, 1993
Tobie Nathan, « L'oeil, le poison magique et le talisman. Cause et sens en pratique ethnopsychanalytique », Anthropologie et Sociétés, ID : 10.7202/015253ar
L'œil, le poison magique et le talismanCause et sens en pratique ethnopsychanalytiqueEst-il possible d'entreprendre une véritable psychotherapie avec des patients provenant de cultures non occidentales ? Au prix de quels aménagements de la technique ? L'auteur présente ici les principes qui régissent son travail clinique en ethnopsychiatrie : 1) dans la langue du patient, 2) en groupe de professionnels, 3) ce groupe devant être pluriethnique et plurilinguistique. Pour illustrer sa méthode de travail, il donne l'analyse détaillée d'une séance de psychotherapie d'une fillette de dix-huit mois souffrant de crises quotidiennes de sanglots et de spasmes pouvant durer plus d'une heure chacune. L'enfant est accompagnée de sa mère, jeune femme, arabophone, originaire d'Algérie.Il ressort de l'analyse clinique que la patiente ne réagit pas au contenu de « l'interprétation » et à son hypothetique « vérité » mais la plupart du temps aux implicites theoriques qu'elle véhicule, soit pour leur en opposer d'autres, soit pour les illustrer. L'auteur propose l'hypothèse selon laquelle l'effet therapeutique du dispositif ethnopsychanalytique proviendrait, outre de « l'empathie », de la sensation d'« être compris dans sa langue », de la possibilité d'évoquer, même de revivre sa « nostalgie », d'une capacité spécifique de fragmenter la représentation du patient, par l'effet de la multiplicité des étiologies mises en présence, et de proposer une réorganisation d'un nouveau type des éléments apparus.