2007
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 17 no. 2-3 (2007)
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Dudley Andrew, « A Film Aesthetic to Discover », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/016750ar
Dans le contexte de l’avènement de la nouvelle esthétique du numérique, le présent article retourne à cet important principe de la théorie française voulant que le cinéma en tant qu’art permette de « découvrir » une signification plutôt que de « construire » du sens. Les tenants des nouvelles technologies considèrent que le numérique permet enfin une maîtrise parfaite de la construction de l’image, et conséquemment des « effets de cinéma ». À l’opposé de cette esthétique centrée sur le spectateur, l’esthétique française définie par Roger Leenhardt et André Bazin se préoccupe plutôt de l’univers dans lequel le cinéaste est engagé. Une telle esthétique se fonde d’abord et avant tout sur le jeu qui, à chacune des étapes de la production cinématographique (captation, composition et projection), s’articule entre présence et absence, entre facteur humain et environnement non humain. Le présent article insiste sur l’étape centrale, la composition, et sur le passage de la notion d’« image » à celle de « plan », selon la terminologie reprise de Bazin par les cinéastes de la Nouvelle Vague et relayée jusqu’à nos jours par Serge Daney. Il existerait ainsi, sur le montage, une ligne de pensée nettement identifiable aux Cahiers du cinéma, qui met l’accent sur le filtrage produit par la prise de vues et sur les ellipses produites par l’agencement des plans. Ce que les monteurs traditionnels manipuleraient et juxtaposeraient de leur côté, ce serait simplement des images (en utilisant des procédés comme le « compositing »). La ligne de pensée des Cahiers s’est développée en symbiose avec les productions néoréalistes et la myriade de films d’après-guerre répondant aux principes de la « caméra-stylo » (Resnais, Franju), dans lesquels le montage visait à éliminer l’accessoire, de manière à permettre l’émergence d’un sujet mystérieux ou abstrait. Rivette, Rohmer et Godard transmettront cette ligne de pensée à la génération qui a suivi avec, par exemple, un Philippe Garrel ou, plus récemment encore, un Arnaud Desplechin.