2008
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Études littéraires ; vol. 39 no. 2 (2008)
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Simon Harel, « Fatalité de la parole : invective et irritation dans l’oeuvre de Thomas Bernhard », Études littéraires, ID : 10.7202/019283ar
L’oeuvre de Thomas Bernhard fait une large place à l’invective. Cette dernière prend place lors de scènes de ménage qui sont des modèles de communication dysphorique. Prenant comme point de départ le renouveau des « écritures de la méchanceté » dans le domaine littéraire, nous interrogerons le statut d’une altérité mise à mal. Nous étudierons les formes de l’itération, de la répétition et de la projection, ces règles de base d’une énonciation où l’autre est réduit au statut de quantité négligeable. Dans le cadre de cet article, nous mettrons l’accent sur les représentations d’un récit de soi où le narcissisme domine : la figure de l’illimitation primordiale, modèle d’une écriture qui ne tolère pas l’altérité, est en effet au coeur de l’écriture de Thomas Bernhard. Le sujet de l’écriture (un misanthrope qui tente bon gré mal gré de rédiger un traité scientifique) est sans cesse interrompu dans son activité par une « présence » féminine inopportune. La scène de ménage, telle que décrite dans Béton et La plâtrière, met en valeur une division sexuelle qui oppose hommes et femmes, qui condamne toute velléité de communication.