1988
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Philosophiques ; vol. 15 no. 2 (1988)
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André Leclerc, « La théorie générale des modes verbaux dans les grammaires philosophiques de l’époque classique », Philosophiques, ID : 10.7202/027051ar
C'est dans leur théorie générale des modes verbaux que les grammairiens philosophes classiques (circa 1660-1800) ont essayé de rendre compte de ce que nous appelons aujourd'hui les « aspects illocutoires de la signification », et de formuler les principes d'une sémantique des énoncés non déclaratifs. Je voudrais montrer, dans cette étude, ce qui fait l'originalité de la position adoptée par les grammairiens philosophes dans le cadre de leur théorie « idéationnelle » du langage : tout en reconnaissant la nécessité de recourir à des critères formels pour identifier un mode particulier dans une langue particulière, ils estimaient que les peuples auraient pu, s'ils l'avaient jugé utile, marquer et distinguer formellement toute la variété des types d'illocution par des flexions verbales caractéristiques. Je distingue deux approches dans la théorie générale des modes verbaux de la Grammaire Générale classique : l'une est réductionniste, parce qu'elle réduit toutes nos énonciations à des expressions de jugements ; l'autre conçoit les modes comme des marqueurs d'actes de pensée. La première rappelle les tentatives de ceux qui, comme D. Lewis et D. Davidson, cherchent à interpréter les énoncés non déclaratifs en leur assignant des conditions de vérité ; la seconde s'apparente plutôt à la Théorie des Actes de Discours ou à l'approche proposée par E. Stenius. La première partie de cette étude présente, en s'inspirant de la méthodologie de I. Lakatos, la Grammaire Générale classique comme un programme de recherche scientifique. La seconde partie présente les deux approches mentionnées et examine leurs dévelop- pements respectifs.