1994
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Philosophiques ; vol. 21 no. 1 (1994)
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Sajous D’Oria Michèle, « Voltaire et l'Affaire Calas au théâtre : une vraie cause au service des mythologies révolutionnaires », Philosophiques, ID : 10.7202/027252ar
Le théâtre, au lendemain même de la prise de la Bastille, s'était affirmé comme tribune révolutionnaire et « école du citoyen ». La décision, de la part des assemblées révolutionnaires, de transporter les cendres de Voltaire au Panthéon, ne pouvait manquer d'être une occasion pour célébrer le philosophe au théâtre et cinq pièces, toutes sur l'Affaire Calas, furent représentées entre le 17 décembre 1790 et le 31 juillet 1791. Les cinq auteurs centrent leur action sur le drame familial et sur le climat de fanatisme religieux dans lequel elle s'était déroulée. Deux mots, fanatisme et fanatique, représentent la pierre de touche et font le passage entre l'époque réelle de l'Affaire Calas (1761-1762) et l'époque de sa représentation théâtrale (1790-1791). Ils recouvrent l'événement et son moment historique précis, ils constituent une notion pour laquelle les philosophes s'étaient battus et prennent la valeur d'un symbole paradigmatique que la Révolution prétendait achevé. Les pièces s'articulent selon un continuel renvoi entre le temps réel et le temps de la représentation : le passé — le temps du fanatisme et du despotisme — annonce l'avenir — l'anéantissement de l'un et de l'autre — qui est le présent des spectateurs.