1984
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Historical Papers ; vol. 19 no. 1 (1984)
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Peter C. Kent, « The Catholic Church in the Italian Empire, 1936‑1938 », Historical Papers / Communications historiques, ID : 10.7202/030921ar
Les accords du Lateran de 1929 inaugurèrent une période d'étroite collaboration entre l'Eglise catholique romaine et l'Etat italien sous Mussolini. Cependant la politique italienne en Abyssinie, après la conquête de ce pays en 1936, exacerba les tensions qui avaient résulté à la fois des politiques intérieures et de l'appui de l'Italie aux activités antirelig ieuses en A llemagne .Cet exposé traite de V évolution de la politique italienne en Abyssinie et du désenchantement graduel de l'Eglise face aux résultats de ces accords.En matière d'affaires intérieures, l'ère du Vatican portait sur le manifeste du gouverne- ment Mussolini (1938) sur la pureté de la race, et sur la législation antisémitique qui en découla. La hiérarchie ecclésiastique d'Italie avait présumé que son appui à i interven- tion italienne en Afrique entraînerait l'adoption, par le gouvernement, d'une politique de christianisation. Pour maintenir une certaine stabilité intérieure, le gouvernement choisit de suivre une stratégie de tolérance religieuse, d'ailleurs défendue par le ministère de la colonisation. Cette approche aliéna le Saint-siège qui, contrairement à la hiérarchie italienne, n'avait jamais été en faveur d'une guerre impériale. Cette politique de tolérance était contraire aux plans de l'Eglise pour la conversion au catholicisme de ce territoire, et gênait ses activités missionnaires. Les musulmans étaient particulièrement favorisés car, de l'avis du ministère de la colonisation, leur appui était essentiel au maintien du contrôle impérial. On croyait également que cette coopération aiderait les Italiens dans leurs relations avec d'autres puissances islami- ques du Moyen-orient.Il n'y a pas que l'Eglise qui s'opposait aux actions du ministère de la colonisation; le ministère des affaires étrangères croyait qu'on devait utiliser l'Eglise comme instrument de l expansion italienne. Cependant, la position du ministère de la colonisation préva- lut. Peu importe leur religion, les missionnaires qui s'opposaient aux désirs de l'Italie pour la nouvelle colonie étaient punis. Lorsque les affaires extérieures tentèrent d'inter- venir en faveur des missionnaires britanniques, Mussolini appuya la politique du ministère de la colonisation, et même l'élargit; désormais, aucun étranger ne pouvait enseigner dans l'Empire. Le ministère de la colonisation consolida son emprise, ordonnant au Saint-siège de remplacer les missionnaires catholiques Français par des Italiens. Réagissant, le Vatican créa une commission pontificale qui, en dernière analyse, se plia à la plupart des exigences du ministère. Sur les questions litigieuses, le ministère demeurait inébranlable; le Pape envoya alors en Abyssinie un visiteur apostolique qui, il l'espérait, améliorerait la position de l'Eglise. Finalement, le ministère de la colonisation accéda à la demande de l'Eglise pour la création d'une hiérarchie ecclésiastique distincte pour la colonie; peu après, l'Eglise reconnut Victor Emmanuel comme empereur a"Abyssinie.Cependant, malgré cette entente, la politique de tolérance de VEtat Italien avait causé des dommages irréparables à la coopération entre ce dernier et l'Eglise catholique romaine. L'hostilité du gouvernement face aux prétentions de l'Eglise au sein de l'Empire constituent un fondement essentiel de l'attaque du Pape sur la politique raciale italienne de 1938.