1989
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Historical Papers ; vol. 24 no. 1 (1989)
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Pierre Grégoire, « Drame collectif et mise en texte : l’exemple de la peste marseillaise de 1720 », Historical Papers / Communications historiques, ID : 10.7202/030998ar
Le texte qui suit cherche à mettre en évidence le rôle structurant d'un schéma drame/héros et de quelques-uns des éléments qui ont accompagné la majorité des narrations faites sur la peste marseillaise de 1720 jusqu'à aujourd'hui. D'une part en essayant de montrer que les narrations actuelles de la peste s'élaborent autour de topiques qui ne sont pas, en général, remis en cause: reconduction de grilles de classements morales (bon/mauvais, lâches/héros); attitudes déprécialives et anachroniques vis-à-vis des savoirs anciens sur la peste: souci d'une mise en scène dramatique des informations; insistance sur le rôle censément héroïque de certains dirigeants. D'autre part, en effectuant l'analyse de deux narrations de l'époque, après les avoir rapidement replacés dans leur contexte d'émergence. Par delà les nuances et la complexité qu'elles manifestent, ces deux narrations signalent surtout l'importance politique immédiate à identifier des héros légitimes qui peuvent être considérés, dans l'espace narratif, comme les principales forces « soignantes » du corps collectif désorganisé par la peste. Ainsi, sans doute parce qu'il n'est pas apparu comme culturel et historique, le schéma drame/héros a longtemps pu être au principe d'une certaine manière de mettre en texte la peste marseillaise de 1720 et dépenser un drame qui ne cesse encore, par son horreur, d'interpeller une société.