1991
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Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 2 no. 1 (1991)
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Michael McCulloch, « The Death of Whiggery: Lower-Canadian British Constitutionalism and the tentation de l’histoire parallèle », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, ID : 10.7202/031034ar
L'intention de l'Acte Constitutionnel de 1791 était de créer au Bas-Canada une communauté dont les valeurs sociales et politiques refléteraient les suppositions de base des Whigs de la fin du dix-huitième siècle. Celles-ci comprenaient entre autres la représentation des intérêts plutôt que des individus; une représentation des propriétaires digne de leur importance; et une croyance en la nature organique de la constitution britannique. Ces valeurs liées à la « propriété » et à la « liberté » constituaient le point de mire des images culturelles et affectives reliées à la constitution britannique. Dans les années 1830, les Bas-Canadiens d'origine britannique ne considéraient pas ces valeurs comme un archaïsme, mais bien comme un ensemble de principes cohérent. Ces idées procuraient une légitimité aux conflits qu'ils entretenaient avec la majorité canadienne-française, pour obtenir le contrôle de la vie politique. L'influence de cette pensée constitutionnelle ne disparut pas avec l'Acte d'Union de 1841. Au cours des premières années du gouvernement d'Union, les anglophones attachés au Parti constitutionnaliste dominèrent l'opposition, de même que le gouvernement du Canada Est. Et leur influence se perpétua jusqu'au milieu du siècle. En effet, ce n'est pas la victoire inévitable du gouvernement responsable de La Fontaine qui provoqua la désintégration de cette pensée constitutionnelle comme fondement de la position des Bas-Canadiens d'origine britannique, mais bien la réaction de ces anglophones aux transformations des cercles politiques britanniques. Ils s'identifiaient non seulement avec la Grande-Bretagne, mais avec des composantes particulières de sa société, et « la tentation de l'histoire parallèle » allait décider de leur attitude : l'agitation pour l'annulation de l'Union avec l'Irlande ("Repeal") et la campagne libre-échangiste ébranlèrent le principe d'un « intérêt britannique » unique. Ainsi, si les élites canadiennes d'origine britannique purent conserver un pouvoir politique disproportionné après 1840, ce ne fut plus en raison d'une identité collective enracinée dans les valeurs whigs, mais bien grâce à leur influence auprès des leaders des partis politiques.