1993
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Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 4 no. 1 (1993)
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Phillip Buckner, « Presidential Address: Whatever happened to the British Empire? », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, ID : 10.7202/031054ar
Depuis les annés 1960, les historiens du Second Empire britannique ont tenté de redéfinir leur champs de façon à en perpétuer la pertinence. Ce faisant, ils ont malheureusement perdu de vue l'un des éléments les plus importants de l'Empire du XIXe siècle. Même la plus prometteuse de ces approches — celle qui tente de replacer l'histoire impériale au sein de l'histoire domestique de la Grande-Bretagne — n 'échappe pas à cet insuccès à reconnaître que la Grande-Bretagne, comme l'a souligné J.G.A. Pocock, comprenait non seulement les îles britanniques mais encore les colonies de peuplement. Comme les historiens du Second Empire britannique ne s'intéressent plus beaucoup à la colonisation, ils ont atténué les différences entre les colonies formées au cours de la première vague d'expansion précédant 1783 et celles qui se sont constituées au cours d'une deuxième vague, beaucoup plus longue. De même, ils ont sous-estimé la signification des colonies, au pays même, dans le long processus de construction de l'identité britannique. Mais les historiens des colonies de peuplement ont eux-mêmes contribué à cette myopie en oubliant à quel point l'Empire comptait pour les Britanniques qui s'établirent à l'étranger au cours du XIXe siècle. Défaits, les historiens canadiens, en s'enfermant dans un cadre d'analyse téléologique obsédés par l'évolution de l'autonomie canadienne et par la constitution d'une identité nationale, ont relégué à l'arrière plan la signification de l'expérience impériale dans la construction de l'identité des Canadiens d'origine britannique au XIXe siècle. Dorénavant, il est temps de replacer les colonies de peuplement du XIXe siècle sur la planche des historiens de l'Empire et de situer cette expérience au centre de l'historié canadienne du XIXe siècle, à laquelle elle appartient de plein droit.