1994
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Santé mentale au Québec ; vol. 19 no. 2 (1994)
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Xavier Pommereau et al., « L’impact du suicide sur l’aidant », Santé mentale au Québec, ID : 10.7202/032314ar
Le suicide (« meurtre de soi-même ») pose à tous une question essentielle: qu'est-ce que l'expression manifeste du désir de mort mobilise en soi et chez les autres? Cette interrogation s'avère particulièrement difficile à soulever pour l'aidant ou le soignant confronté à la mort volontaire d'un client ou d'un patient. À travers l'histoire d'un suicide en institution, les auteurs évoquent la nature des mécanismes défensifs mis enjeu par l'équipe soignante. Sidération traumatique, dénégation, déni, culpabilité, mouvements dépressifs sont autant de réactions individuelles et collectives qui s'opposent au travail du deuil, et menacent la cohésion institutionnelle. Les membres de l'« institution en crise » ont à réguler leurs tensions, en évitant de répondre par le retrait, la banalisation, la hantise du suicide, ou l'instauration de pseudo-solutions « pragmatiques ». Il s'agit d'éviter en particulier l'annulation ou le déplacement d'une nécessaire reflexion de tous sur la genèse, les implications et les conséquences du suicide intra-institutionnel. Les auteurs rappellent les principaux fondements et les modalités d'une exploration en équipe de ces phénomènes qui - en l'absence de « travail de la crise » - risquent de situer l'institution dans l'impasse d'un questionnement consistant seulement à savoir à quel moment, faute de s'être retournée, elle se serait détournée de son patient en souffrance.