L’écriture « extime » de Gérard Wajcman : blancs, notes et intertextes dans L’interdit

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2009

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Études françaises ; vol. 45 no. 2 (2009)

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Le présent article propose une analyse de L’interdit, roman (Wajcman, 1985), une oeuvre qui se compose presque exclusivement de notes de bas de page, le corps du texte étant « absent ». Si l’oeuvre semble, d’après ce qu’indique son sous-titre, conclure un pacte romanesque, force est cependant de constater qu’elle participe également d’une écriture autofictionnelle et testimoniale, centrée sur la mémoire de la Shoah. L’interprétation de ce projet littéraire se fait en trois étapes. Dans un premier temps, nous examinerons les fonctions esthétique et phatique des notes : une lecture linéaire et circulaire de celles-ci nous permettra de déceler les grands traits de la trajectoire du protagoniste. Troisièmement, l’analyse des citations intertextuelles (notamment celles tirées de Proust, de Dante et de Flaubert) nous conduira à approfondir les isotopies sémantiques des notes, ce qui confirme que l’apparente dissémination de sens dans L’interdit ne constitue qu’une impression de surface. Finalement, nous montrerons comment L’interdit réalise le projet testimonial que Wajcman définit dans ses ouvrages consacrés à la Shoah et à l’histoire de l’art (L’objet du siècle et Fenêtre,Chroniques du regard et de l’intime). De fait, appartenant lui-même à la deuxième génération de survivants juifs du génocide, l’auteur se construit dans son « roman » une position testimoniale qu’il fonde sur les concepts lacaniens du sujet décentré, de l’objet (a) et de « l’extime ».

The present article offers an analysis of L’interdit, roman (Wajcman, 1985), a literary work almost exclusively composed of footnotes, the text itself being “absent.” Although the subtitle identifies L’interdit as a “novel,” the text also indicates a close affinity with autofiction and with Holocaust testimony. The literary analysis follows three stages. We will first concentrate on the aesthetic and phatic functions of the footnotes : a linear and circular interpretation of the latter will allow us to sketch the broad outlines of the protagonist’s history. The analysis of Wajcman’s intertextual quotations (principally those originating from Proust’s, Dante’s and Flaubert’s oeuvre) will subsequently enable us to further elucidate the footnotes’ isotopies, which confirms that the apparent semantic dissemination in L’interdit is only a superficial impression. Finally, we will point out how L’interdit realizes the testimonial project defined in Wajcman’s critical works on the Shoah and on art history (L’objet du siècle and Fenêtre, Chroniques du regard et de l’intime). Wajcman being a member of the second generation of Jewish Holocaust survivors, the “novel” more precisely elaborates a testimonial position relying on Lacanian notions as the decentered subject, the object (a) and the “extime.”

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